Dialogues en italique=en italien dans le texte
Beacon Hills - été 2015. 2h32
Elle ferme la porte derrière elle, ordonnant à son pouls de ralentir. Le silence pesant de la maison témoignait de l’heure tardive, pourtant elle savait qu’à l’étage au dessus, les lumières étaient allumées et ses parents ne tarderaient pas à lui tomber dessus. Elle devait trouver une solution à son problème avant. Et vite. La jeune fille secoue la tête, retire ses chaussures et avance à pas de loup jusqu’à la salle de bain, s’y enfermant à double tour. Dans le miroir, son visage était horrible -creux, pâle, malade. D’une main tremblante, elle fait couler l’eau dans la baignoire avant de se déshabiller, roulant machinalement ses vêtements le plus loin possible d’elle. Un pied dans l’eau. Le corps entier. Rapidement, le liquide se colore d’un rouge vif. La brune tremble, frotte ses bras tant qu’elle peut.
▬ Octavia?La concernée sursaute dans son bain, tournant brusquement la tête vers la porte. Elle n’arrivait pas à réfléchir correctement mais elle savait une chose: personne ne devait voir le sang sur ses vêtements et dans l’eau.
▬ Re..Regina? Qu’est-ce que tu fais là? je te croyais sortie..▬ ..J’étais partie chasser. Pourquoi prends-tu un bain à cette heure-là? Il est trois heure du matin, Octa.La voix de la brune tremblait mais son cerveau marchait à toute vitesse. Une excuse. Une excuse. Une excuse.
▬ J’étais allée voir Caesar et Daniel à leur camp, et je viens de rentrer. Je me sentais..sale.Sale. Sale du sang, sale de la mort. Elle ferme les yeux en s’enfermant dans ses souvenirs, ignorant les paroles étouffées de sa soeur aînée de l’autre côté de la porte en bois. Les larmes lui montaient aux yeux et, retenant ses sanglots, elle s’enfonce sous l’eau.
Beacon Hills - été 2009
▬ Mamma, quand est-ce qu’on arrive?Octavia gigotait sur le siège arrière, calée entre son frère et sa soeur. Le décalage horaire n’avait pas l’air d’avoir empiété sur son excitation lié au déménagement, contrairement à ses aînés qui dormait paisiblement. Partagée entre la fascination du paysage et les questions incessantes de sa fille, Elizabeth McAllister gardait un calme magistral tout en souriant.
▬ Quand tu verras le panneau Beacon Hills, c’est qu’on sera arrivés, pas avant, ma chérieLa petite fille s’enfonce dans son siège, ses yeux clairs rivés vers le paysage. Bien qu’elle avait hâte d’être arrivée, elle regrettait quand même un peu l’Angleterre, où elle avait passé les onze premières années de sa vie. Sa maison, son école, ses amies. Ivy sa gouvernante, et même son médecin. Elle savait bien qu’elle n’aurait que très peu d’occasion de les revoir, mais elle avait quand même conservé dans un petit carnet leur numéros et leur mails. Même si, pour elle, une nouvelle vie débutait, elle ne voulait pas abandonner son enfance. Ce n’était juste pas imaginable. Pour faire passer le temps, elle se mit à lister dans son esprit toutes les choses à faire en arrivant dans sa nouvelle maison. Aller s’inscrire à l’école. Se renseigner pour les médecins prenant en charge des patients réguliers -elle avait toujours eus des soucis de santé depuis longtemps et devait bénéficier de consultations régulières- et se faire de nouvelles relations.
Le temps d’arriver sur le perron de la nouvelle maison, Octavia s’était déjà endormie sur la banquette arrière.
Beacon Hills - été 2012
Octavia finissait tout juste d’ajuster son serre-tête devant sa coiffeuse qu’un bruit sourd contre la fenêtre la fit se retourner. Derrière les rideaux de dentelle qui ornait la vitre, une ombre perchée sur son balcon attendait patiemment que la brune ouvre. En poussant la vitre vers le haut, la jeune fille ne put retenir un sourire en recevant la sentence de l’énorme bouquet de fleur penché au ras de son nez, et recula pour laisser passer l’homme en costume.
▬ Caesar je t’ai déjà dis que ramener des fleurs à chaque fois que maman t’invites est une mauvaise idée, on habite dans une maison, pas un jardin!Les deux meilleurs amis se mirent à rire doucement avant de finir l’un dans les bras de l’autre en une embrassade mécanique. Après qu’Elizabeth eut appris que les meilleurs amis de ses deux filles désiraient se lancer, plus tard, dans une carrière similaire à la sienne, l’ancienne mannequin britannique avait organisé une petite soirée pour les faire rencontrer de quoi débuter leur carrière. Et puisque Caesar était arrivé -par la fenêtre comme toutes les fois, puisqu’ils étaient voisins et que le balcon d’Octavia donnait sur le couloir du jeune homme- il ne manquait plus que les
vrais invités.
En descendant dans le salon, la brune avisait sa soeur qui discutait gaiement avec une grande blonde aux yeux noirs, qui lui adressa un signe de la main en la voyant venir. Pour autant qu’elle s’en souvienne, Octavia avait toujours été appréciée des amis de son frère et sa soeur et particulièrement d’Eurielle. Mais, alors qu’elle allait se tourner vers sa mère pour savoir quelle heure il était, la sonnette retenti.
-
Elle court. Ses pieds frôlent à peine les marches lorsqu’elle les dévale, le visage grimaçant à l’entente du cri monstrueux venant du rez-de-chaussée. Elle court dans le couloir pour arriver dans le salon, devant le corps roulé en boule d’Eurielle qui hurlait. Hurlait. Hurlait à s’en déchirer les cordes vocales et détruire les tympans d’Octavia, hurlait comme si sa vie en dépendait. Luttant contre son envie de se boucher les oreilles et s’enfuir, elle prend la blonde dans ses bras. Elle ne savait pas ce qui se passait. Elle n’avait aucune idée pourquoi elle s’était mise à hurler sans raison alors qu’elle attendait le retour de Regina, elle n’avait aucune idée de ce qu’elle devait faire.
Eurielle pleurait. Il n’y avait personne à part les deux jeunes filles dans la maison et l’ampoule avait explosé au plafond. Assises devant le canapé, Octavia caressait machinalement les cheveux de l’aînée pour la rassurer, mais elles tremblaient. De peur. Toutes les deux. La brune n’avait jamais assisté à un cri pareil, mais cela la terrifiait, sans même qu’elle ne sache pourquoi. Dans un reniflement sonore, elles s’écartent l’une de l’autre et la jeune femme plonge son regard noir de terreur dans celui de l’autre fille.
▬ Tes parents sont en danger. Ils..ils ne doivent pas rentrer.Elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait pas mais elle la croyait, alors elle a attrapé son portable pour appeler ses parents. Rien. Elle respirait mal, l'horreur agrandissait ses yeux mais son sang-froid et la présence rassurante d'Eurielle lui permettait de ne pas craquer. Elle resseya plusieurs fois avant de changer de numéros, se forçant de ne pas pleurer.
▬ Allô, Regi? Ok écoute-moi..Lorsque la porte s’ouvrit d’un coup, Eurielle sursauta en laissant échapper un cri d’horreur; mais celle qui la traversa fut la grande brune à la silhouette élancée qui se précipita sur les deux jeunes filles afin de les enlacer. Les paroles incompréhensibles étaient noyées sous les pleurs et les cris étouffés à chaque bruits environnant, mais elles parvinrent toutes les trois à sortir de la maison lorsqu’un hurlement dérangeant survint.
Un cri étouffé. Elles s’arrêtent dans le jardin, les yeux rivés de l’autre côté de la route, près des arbres. Un grognement sourd les frigorifies, la blonde s’avance de quelques pas dans un mouvement protecteur. Les yeux bleus s’approchent doucement, traversent la route, puis la silhouette se dessine en coupant le souffle d’Octavia. Ce n’était pas un homme, ce n’était pas humain. La plus grande serre la mâchoire, pousse sa soeur derrière elle qui fixait le monstre avec une curiosité effrayée. Il y eut comme un éclair, une vive douleur contre sa hanche avant que la petite brune ne se fasse violemment projeter contre le mur.
On aurait dit que son dos s’était brisé en deux. Sa vision était trouble et son sang battait contre ses tempes, une intense douleur lacérant son corps. Elle aurait voulu hurler mais il n’y avait que le sang qui semblait pouvoir sortir de sa bouche; devant ses yeux presque fermés, elle semblait voir le monde au ralenti. La bête s’était désintéressée de la jeune fille pour se tourner vers les deux autres. Lorsqu’Octavia perdit connaissance, elle cru tout juste entendre un crissement de pneu sur l’asphalt et pria pour que ce ne soit pas ses parents.
Silence.-
▬ ..et quand je me suis réveillée deux jours après, j’étais à l’hôpital et le loup était parti.La brune clos son monologue en quittant la fenêtre du regard pour les poser sur la psychologue. Elle n’aimait pas parler de cette nuit-là, parce qu’elle n’aimait pas savoir que les psychologues la prenait pour une folle ou une jeune fille avec trop d’imagination. Elle avait beau leur mentir sur la bête qu’elle avait vu -un loup est toujours plus convaincant- elle sentait toujours le regard accusateur et ennuyeux des médecins. C’était idiot d’en parler et elle le savait très bien. Elle ne savait même pas pourquoi elle avait pensé qu’
elle aurait été plus compréhensive que les autres. Peut-être les cheveux blonds qui lui rappelaient un doux souvenir teinté de rouge.
Elle n’aimait pas se souvenir du visage d’Eurielle. Son enterrement était encore trop récent pour qu’elle puisse oublier la jolie femme qui hurle, et lui donnait toujours envie de pleurer. Elle essuya à l’aide de sa manche les larmes qui menaçaient de couler sur ses joues, et reposa sa main sur sa blessure à la hanche, seul moyen de se raccrocher encore à la réalité. La psychologue était partie de la salle sans rien dire. Octavia n’y faisait même plus attention, les yeux rivés vers la cour de l’hôpital qu’elle pouvait voir par la fenêtre. Elle attendait d’y voir son frère, qui était rentré dans l’après-midi d’Irlande en entendant que de ses deux soeurs, la plus petite était à l’hôpital, et la plus grande était dans un état lamentable, cloîtrée dans sa chambre. Elle avait vu sa meilleure amie mourir devant ses yeux, se jeter devant ses parents parce qu’elle
s’était trompée. De ses derniers mots, Regina n’avait retenu que le fait qu’Eurielle savait qu’elle allait mourir, et qu’elle était contente que ça soit comme ça.
Allongée sur son lit d’hôpital, Octavia se sentait vide.
Beacon Hills - été 2015. 21h17.
▬ Je sais, papa, je rentrerais demain après-midi. je t’aime aussi, bonne soirée.Octavia raccroche son téléphone et le range dans la poche de sa veste, baissant la visière de son casque avant de redémarrer sa moto et quitter la station service. La nuit pointait le bout de son nez et elle avait encore du chemin à faire avant d’arriver au camp de vacances où s’étaient rendus Caesar et Daniel pour la semaine, et si elle arrivait en retard, sa surprise tomberait à l’eau. Elle accélère sur la nationale, bénissant le véhicule de son frère pour être aussi rapide et facile à manipuler -elle avait sa propre moto depuis plusieurs mois mais était plus à l’aise avec ces appareils poids lourd- et se concentre sur la route. A l’écart de Beacon Hills, l’air paraissait plus pur et moins menaçant. A force de rester au milieu des conflits, elle n’avait jamais fait attention à quel point s’éloigner de la ville pouvait être bénéfique; elle vivait maintenant avec une chasseuse comme soeur aînée -après avoir vu sa banshee de meilleure amie mourir dans ses bras, cela n’étonnait pas octavia- et plusieurs adolescents de son lycée étaient des créatures supernaturelles. Ils avaient beau vouloir le cacher, elle avait finis par avoir l’oeil. Et pourtant elle ne disait rien et se contentait de mener sa petite vie aux côtés de Caesar et Daniel, qui étaient ensemble depuis peu.
Elle roulait, s’approchait du camp à une heure tardive -il devait être vingt-trois heure, peut-être plus- avec une prudence qui lui était propre. La forêt à sa gauche lui donnait des frissons sans qu’elle ne sache pourquoi -sûrement le souvenir des yeux bleutés d’il y a deux ans- mais elle continuait d’avancer, ignorant le froid qui lui picotait la nuque. Un grognement sourd la frigorifie. Sur sa gauche, le vent semble souffler trop fort, et elle s’arrête en un dérapement contrôlé sur le bas-côté. Il y a quelque chose dans la forêt. Prise de sueur froide, elle s’apprête à repartir le plus loin possible lorsqu’une forme attire son attention. Près d’un arbre, tellement difforme qu’il n’y a plus d’évidence quant à la nature, un corps est déposé. L’odeur atroce du sang emplit les narines de la brune qui descend de la moto, une main sur le poignard d’argent que sa soeur lui avait donné avant de partir, et elle s’approche. Elle s’approche jusqu’à laisser échapper un cri étouffé.
▬ Dan? Daniel?Il n’avait plus rien du gentil garçon qu’elle connaissait. Juste un corps déchiqueté par les crocs et les griffes, une victime innocente d’un loup-garou. La pleine lune. Qu’elle était bête. un hurlement sauvage se fit entendre; elle leve la tête, lâchant celle de Daniel. Son sang frais coulait sur ses mains, et le dégoût se peint sur son visage. Elle devait partir. Elle devait rentrer et se laver. Le plus vite possible.
En courant, elle enfourche sa moto et repart à vive allure vers Beacon Hills.
▬ OCATVIA.[/i]La brune sursaute en sortant sa tête de l’eau, se levant instinctivement et manquant de glisser. La respiration saccadée, elle jette un coup d’oeil circulaire dans la salle de bain; ses vêtements tachés de sang étaient toujours en boule dans le coin, et sa soeur frappait depuis l’autre côté de la porte. Son regard atteint le miroir mural, et elle se regarde. La tête de lion sur sa hanche, qui lui servait pour cacher sa cicatrice, paraissait plus vrai que jamais.
▬ ..J’arrive.[/i]